Semaine Bleue 2014 : la Dictée Arcachonnaise, partie 1
Atlantica
Moment privilégié de la vie locale arcachonnaise, cette semaine nationale en partenariat avec Atlantica veut sensibiliser le public à la place occupée par les seniors dans la société et montrer que la solidarité n’a pas d’âge tant que les liens intergénérationnels perdurent. Différentes animations vous sont proposées tout au long de la semaine, sans oublier la traditionnelle « dictée arcachonnaise ». Une dictée à écouter ci-dessous en podcast.
Correction
Extraits du livre de Charles DANEY « Contes de la Mer, de la Lande et du Vent »
TITRE : Contes de la Mer, de la Lande et du Vent
(page 65 – LE CRABE ET LA CREVETTE)
Un crabe et une crevette se disputaient à marée haute pour la possession d’un trou d’eau. La belle affaire qu’un trou d’eau quand il y a de l’eau partout! Le crabe parlait de découper la crevette en rondelles avec ses pinces et la crevette menaçait de crever la carapace du crabe à coups d’éperon. Ils se menaçaient et s’injuriaient : « Fier à bras ; matamore! » criait la crevette hors d’elle. « Poule mouillée, marin d’eau douce! » rétorquait le crabe excédé. Ils disaient aussi beaucoup d’autres gros mots que je ne saurais répéter ici.
Assis en rond tous les poissons les regardaient se chamailler. Tous étaient là, les alevins au premier rang. Deux dorades bavardaient en tricotant une layette d’écailles bleues et roses pour le dernier né d’un grondin. Les sardines s’épaulaient en rang serré pour empêcher une anguille de se faufiler. L’huître en oubliait de faire admirer sa perle et la limande elle-même lorgnait le combat d’un œil torve.
Pince droite en avant, le crabe voulait attraper la crevette mais elle, fine mouche, était déjà derrière lui. A peine se retournait-il que la crevette fonçait. Il dut s’aplatir plusieurs fois. On le voyait se tourner et se retourner. On la voyait foncer, se ramasser sur elle-même et bondir. Les éperlans, de la voix et du geste, encourageaient les combattants.
Ils firent tant et tant que le crabe et la crevette se battaient encore à marée basse au fond du trou. C’est un enfant de quatre ans qui les mit d’accord l’un et l’autre en les cueillant dans son filet.
FIN DU 1er NIVEAU DE DIFFICULTÉ
(page 37 – LA BARQUE AUX FORBANS)
(…) La lune était ronde dans un ciel sans nuage. (…) Ce fut d’abord qu’une fumée bleuâtre, un rideau léger presqu’aussi ténu que l’est le rayon vert au regard d’un terrien. Ce fut à l’instant précis où le rideau s’ouvrit, quand le dernier feu de Saint-Elme se fut allumé au dernier mât, que tous les bancs s’animèrent, les chenaux, et les crassats.
Entre deux rangs d’aplysies, la sardine paradait dans une coquille d’huître trainée par trois hippocampes harnachés de zostères. Les étoiles de mer parées de tous leurs bijoux étiraient paresseusement leurs bras sur les coussins de velours piquetés d’anémones. Le grondin dansait avec la daurade et les crabes regardaient des premières loges de tous leurs yeux exorbités. La torpille s’était mise en réserve en cas de panne tandis qu’ondulait la raie pour créer comme un courant d’eau dans la tiédeur de la nuit. Tous les poissons du Bassin, les bigorneaux et les palourdes (…), les clovisses et la friture (…), la baudroie avec son masque, le congre en bonnet pointu et j’en passe… tous les habitants du Bassin s’étaient donné rendez-vous au banquet de la lune qui les regardait de là-haut comme mère fière de sa couvée, en grande ordonnatrice des marées. On sentait qu’elle préférait les fééries marines à la danse des elfes ou au sabbat des sorcières (…).
(page 113)
On dit qu’autrefois dans la Lande les eaux s’abandonnaient au creux des sables et s’y endormaient. Elles ne servaient à rien qu’à refléter quelques bouquets de brandes ou d’ajoncs ou lécher les pieds des molinies émergées en d’infinis archipels. Ces eaux dormeuses étaient la hantise des voyageurs qui leur préféraient les eaux rieuses des clairs ruisseaux folâtrant sur la rouille des alios à l’ombre des fougères.
FIN DU 2ième NIVEAU DE DIFFICULTÉ
(page 79 – LONGUE ÉCHASSE ET PLAT PATIN)
C’était à Mestras, à Gujan peut-être, un vieux chai branlant de toutes ses planches disjointes. On l’y connaissait de toute éternité mais il demeurait plus obstinément fermé que la caverne d’Ali-Baba sur les trésors des quarante voleurs. Pour avoir connu l’ancien propriétaire, un vieux matelot natif de la Lande, déjà très, très vieux du temps de ma toute petite enfance, je peux vous dire qu’il gardait tous les trésors anciens du pays.
Il y avait un hapchot et un pitey, deux pignes, trois galips, une arestelle et un taille-bruc, le daillot près de trois pots de résine séchée, un bloc de garluche, deux vessies de porc gonflées, le crochet d’un puits, un perchoir à poules, une ancre de pinassote et une paire d’avirons, trois couteaux à détroquer, deux panetières dans une chambreyre, un palet, une fouenne, un esquirey, trois tuiles blanches dans un collecteur, deux pantalons de laine rouge mais une seule ceinture de flanelle bleue, une benaize et trois bérets, une cape de berger, (…) une étoile de mer séchée et trois coquilles de murex perceur, une peau de serpent (dans un bocal en prévision des piqûres de vives) (…) et un grand parapluie bleu (point). Il y avait bien d’autres choses encore que je ne puis énumérer ici (point, à la ligne).
Il y avait surtout deux vieilles étranges chaussures de bois dépareillées : une échasse et un patin.
FIN DU 3ième NIVEAU DE DIFFICULTÉ
FIN DE LA DICTÉE